mercredi 30 septembre 2009

J'adore Roman Polanski et pourtant...

J'adore Roman Polanski. J'ai toujours une étincelle dans les yeux quand je pense au "Bal des vampires", avec ce vague souvenir d'un film de dimanche soir en famille. J'ai aussi toujours des frissons quand je pense au chapeau et aux trait tirés de Nicholson dans "Chinatown", au regard hagard du "Locataire", à la terreur de Mia Farrow face à l'horreur "Rosemary's Baby" et la splendeur d'Adrien Brody dans "Le Pianiste".

Oui, j'adore Roman Polanski. Ces films m'ont toujours retourné la tête et tant que cette affaire de mœurs datant de 1977 n'était qu'une ligne de texte dans sa biographie, je reconnais que je préférais ne pas trop m'y attarder. Avant seul le Génie m'intéressait.

Et puis, dimanche, Roman Polanski a été appréhendé par la police suisse. Passée la sensation étrange de voir une "célébrité appréciée" faire la Une des infos en passant derrière les barreaux, il ne restait qu'une évidence : j'adore Roman Polanski mais son cas n'est pas défendable. Et puis, un peu partout, on a commencé à entendre des soutiens (artistes et politiques mains dans la mains...) et des déclarations confondantes. Frédéric Mitterrand, notre vénérable ministre de la Culture s'en prend d'ailleurs directement aux Etats-Unis. Il s'inquiète de cette "Amérique qui fait peur" qu'il oppose à une "Amérique généreuse que nous aimons". Mais de quoi parle-t-il donc ? A quel moment, faire régner la justice dans son pays est-il devenu un acte liberticide ? Depuis quand les "relations avec mineurs" sont-elles défendues avec autant de véhémence en France ? Et Laurent Delahousse qui conclue le reportage sur la question dans le JT de dimanche soir par un "Nicolas Sarkozy suit de très près l'affaire". Vraiment ? Notre président n'a-t-il vraiment pas autre chose à faire ? Le pays est-il en si bon état de marche qu'il peut se permettre ce genre d'aparté ? Le morale des ménages français a-t-il subitement explosé vers la positivité, les chiffres du chômage de même, pour que le président ait autant de temps libre entre les mains ? S'il veut, j'ai deux-trois idées de gros dossiers qu'il vaudrait mieux suivre de près...

Non, franchement, j'adore Roman Polanski. Mais il serait temps que cette histoire de mœurs soit tirée au clair. En attendant, cet événement para-people nous a surtout révélé que nos artistes, médias et politiques avaient une tendance commune : réagir à froid, sans aucune prise de distance, tout ensemble dans une union merveilleuse de défense de l'artiste et de critique des Etats-Unis. La distance, l'intelligence, la réflexion et le sens de la justice sont venus de "la rue".

Comme j'adore Roman Polanski, j'attendrai avec impatience son prochain film "The Ghost". En tant que journaliste, je suivrai aussi de près les suites judiciaires de cette affaire. Oui, parfois, devant certaines situations, il vaut mieux avoir quatre yeux, deux cerveaux, beaucoup d'amour et de distance. Dommage qu'en France, nos artistes-politiques-médias n'usent pas de ce bon sens-là.

lundi 28 septembre 2009

11 ans de vie : Google Vs Me

Aujourd'hui Google a 11 ans. En "seulement" 11 ans, le petit Google est devenu très, très grand, il est devenu incontournable à tel point qu'on a tous cette page blanche de recherche comme page d'accueil. C'est le premier truc qu'on voit quand on va sur Internet, c'est métaphoriquement devenu Internet.

Putain, 11 ans. Ca relève tout de même du tour de force. Personnellement, j'ai beaucoup moins réussi ces 11 dernières années. Si j'avais été Google, aujourd'hui je serais rédacteur en chef du pôle Médias de la France que j'aurais personnellement créé, tous les citoyens citeraient mon nom au moins une fois par jour, Sarkozy m'appellerais tous les matins et je le passerais directement sur messagerie. On peut toujours rêvé.

Il y a 11 ans, c'était 1998 et, sans vouloir vous rabattre les oreilles avec du déjà-vu, l'évènement de l'année c'était la victoire de la France en finale de Coupe du Monde. Contre le brillant Brésil. Personne ne savait dire Google et moi, je passais mon été en Irlande où je squattais chez une famille bien trop fan du Brésil pour être vraiment sympathique. A l'époque, j'écrivais des lettres à mes parents. Internet était encore une rareté. Surtout au beau milieu de la campagne irlandaise. Honnêtement, je n'ai pas vraiment vécu la "liesse populaire" qui a suivit cette victoire footballistique. Je m'en suis surtout rendu compte lors de mon retour en France car tout le monde avait "I Will Survive" sur les lèvres. C'était ça ou une épidémie de dépression amoureuse.

Quelques temps plus tard, nous étions en 2001. Je me souviens d'une balade amoureuse dans Paris avec une seule discussion sur mes lèvres et à toutes les terrasses ensoleillées : Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle, la France en déroute... Certains pensaient qu'il fallait laisser les extrêmes s'exprimer puis entamer une vraie révolution. On se préparait tous pour le ramdam qui n'a surtout pas eu lieu. Chirac a été élu avec un score de dictateur soviétique et personne n'a moufeté. Tout le monde s'était en fait résigné à l'horreur. Imaginez, votez Chirac quand on est socialiste, ça tient de la torture. Une nouvelle fois, pas de bol, je suis passée à côté de la plaque. Encore mineure, je n'ai pu voter de ma main blanche. Finalement, j'ai peut être eu de la chance, certains de mes amis de gauche ne se sont pas encore remis de ce geste ô combien démocratique : mettre de côté ses convictions pour préserver la nation. C'est magnifique mais c'est dur à digérer.

Heureusement, Bush a déclaré la guerre à l'Irak. Cela a permit à Chirac d'user de panache, à la France de se sentir une, fière et follement pacifiste, et à Vileppin de faire le plus beau discours de sa carrière. A l'Onu, sa mise en plie et sa poésie ont fait mouche, les Français se sont sentis forts comme pas deux et nous avons marché ensemble sur Paris. Enfin, ensemble mais sans moi. Encore une fois. Et ce coup-ci je n'ai pas le moindre souvenir d'une excuse. Comme je m'en veux. Soyons honnête, j'adore les évènements pacifistes... On se sent comme investi d'une mission suprême, un peu en accord avec Dieu, un peu en accord avec la Nature, totalement en accord avec les Hommes. C'est merveilleux. Alors, pour me rattraper, je n'ai pas loupé une manifestation du CPE. Aucun rapport me direz-vous, le CPE n'a jamais eu de volonté pacifiste. Mais j'y ai quand vécu quelques grands moments de solidarité pacifiste qui m'ont bien plu.

En 2005, donc, Chirac et son accolyte Galouzot de Vileppin décident de proposer un truc pas net aux jeunes. Les universités se sont mobilisées comme jamais et TéléSorbonne, dont je faisais partie, a sorti l'artillerie pour suivre les "évènements". Grand moment de journalisme pour ma part. Couvrir les manifestations dans la journée (celles de droite le matin, celles de gauche l'après-midi : la droite n'a toujours rien compris aux systèmes de mobilisations...), monter les vidéos dans la nuit et trouver du temps pour avaler une ou deux pizzas, pas mal de rhum et refaire le monde entre membres de l'association. Une des plus belles périodes de ma vie avec tous plein de souvenirs que je vous raconterai peut être un jour. Très belle époque pour TéléSorbonne aussi qui a vu son site Internet énormément visité. Il faut dire que Google nous plaçait à ce moment en deuxième position quand on tapait la recherche "Sorbonne". Comme la Sorbonne était fermée, tout le monde se rabattait sur ce truc inconnu mais dynamique dont je faisais partie.

Puis, Chirac a, comme souvent, baissé les bras, il a poussé Dominique dans les orties (qui lui piquent encore les joues aujourd'hui) et Nicolas a débarqué. Un Zorro né. Un mec qui dirige même quand il n'a pas de poste de dirigeant. A ce moment-là, c'était déjà certain, 2007 rimait avec Sarkozy. Et pas seulement pour la campagne présidentielle. Quelqu'un a-t-il vraiment cru que Ségolène pouvait lui barrer la route ? Je n'y ai jamais cru. Beaucoup d'amis socialistes ont malgré tout voté pour elle mais à reculons. Pauvres amis, encore une fois ! Moi, j'ai voté blanc, je l'avoue très directement ici parce que cela n'a jamais été un secret. Certains disent que j'ai ainsi aidé Sarko a passé, moi, je dis que ça m'a surtout laissé cinq ans de liberté de parole. Personne de droite ne pourra m'envoyer du Ségolène à la figure, le bois vert, qu'ils se le gardent, ce jour-là, j'ai fait le choix de la liberté de critiques pour les cinq ans à venir. Et je m'y tiens.

Et puis après quelques stages dont je passerai les anecdotes bien qu'elles soient sympathiques mais dont vous pourrez trouver des traces en me googlelisant, j'ai trouvé un vrai travail, dans une vraie rédaction, qui tire encore à l'ancienne sur du vrai papier. Ça fait bizarre, je sais, mais oui, cela existe encore. J'y suis depuis un an et demi et ce n'est pas fini. J'utilise Google tous les jours et encore plus. J'ai une adresse mail Google, un blog Google, des amis complètement Google et j'ai même une revue de presse très Google. Tous les jours, au moins 300 fois par jour, j'actualise la page Google Actualités. C'est comme une drogue, un flux d'actu en continu. Sur ce coup-là, Google ne produit rien, il ne trie pas, il n'écrit pas, il ne fait que montrer des informations à lire ailleurs et pourtant c'est toujours par Google que je passe. J'ai beau essayé de m'en détacher rien n'y fait. J'idolâtre Netvibes (pour la culture c'est parfait mais pour l'actu c'est moins facile...), je tente de faire des favoris avec le site de l'Express, Libé & Co mais rien n'y fait. Un moment sur Internet commence toujours par un moment Google. Et d'ailleurs, maintenant, je ne pense qu'à une chose. Mon blog va-t-il être bien référencé sur Google ?