mercredi 23 juin 2010

France Inter change de visage


Sur certains sujets, il vaut mieux prendre un temps de réaction au lieu d'enclencher directement la seconde et de rugir dans un post rageur. C'est le cas pour l'affaire Stéphane Guillon-France Inter.

Choquée, j'avais écrit des lignes et des lignes sur l'assassinat de la liberté d'expression, pleurant la disparition d'une radio différente. Il m'arrive d'en faire un peu trop. Calmée mais toujours choquée, je reviens maintenant sur cet évènement, un parmi de nombreux autres qui symbolisent les changements de ligne éditoriale de France Inter.

Le licenciement du chroniqueur Stéphane Guillon (suivit de près par celui de Didier Porte qui doit bien regretter de s'être "lâché" une fois) prouve que la station d'info-culture passe à autre chose. De la différence à déférence. Envers son "actionnaire" si l'on en croit les dires de Philippe Val en décembre dernier : «France Inter est une radio qui coûte cher à l’actionnaire, qui n’est pourtant pas très bien traité par la station.» Le problème comment là, à son arrivée, quand il commet cette confusion incompréhensible. Par actionnaire, il sous-entend Nicolas Sarkozy (qui nomme alors depuis peu les présidents de l'audiovisuel public). Il me semble pourtant que l'actionnaire c'est aussi tout le peuple français (qui, lui, se trouvait jusqu'alors plutôt bien traité). Et là, la machine bascule. Et Guillon attrape la balle au bond, trouve clairement son fond de commerce et commence à balance à l'antenne tout ce qui se passe hors antenne.

Forcément, ça crée des ennemis. D'une entrevue avec Jean-Paul Cluzel (ancien président de Radio France), il avait tiré le titre d'un livre ("On m'a demandé de vous calmer"), maintenant, d'un simple mail interne ou d'une rumeur qui coure, il fait une chronique. Son licenciement est le résultat de la machine poussée à son maximum. Guillon est allé aussi loin qu'il pouvait pour prouver que France Inter était en train de perdre la face. Aussi loin, jusqu'à perdre sa place. Bien qu'il devait espérer que ses cris au grand jour le protégerai de l'assaut. Mais non, Jean-Luc Hess et Philippe Val assument totalement leurs nouveaux rôles de Terminator de la Maison ronde. Ils sont décomplexés, comme le soit-disant actionnaire.

Ne plus rire ni ne penser le matin, ne plus penser le soir non plus... Au revoir Guillon, Porte, l'Esprit Critique de Vincent Josse et le regard sur le monde de Jean-Marc Four dans"Et pourtant, elle tourne". Enfin, elle tournait. Je regretterai aussi "Allo la Planète" et les anecdotes de voyages d'Eric Lange qui a survécu aux péripéties du monde mais pas au remaniement de la rentrée 2010 de France Inter.

En représailles, une pétition d'accrocs au France Inter d'avant encourage les auditeurs à éteindre la radio pendant toute la journée de jeudi. Rendez-vous est aussi donnée devant la Maison de la Radio (116, avenue du Président Kennedy, 16ème) à 18h pour protester contre ces changements qui vont à l'encontre des désirs du public.

L'actionnaire étatique s'en satisfera peut être de la nouvelle ligne éditoriale mais l'actionnaire public perd, lui, une ouverture sur un monde différent et moins lisse. Et qui remplira ce temps de cerveau disponible ?

mardi 22 juin 2010

Une femme est une femme


Enfiler une jupe la matin demande une certaine force de caractère. Il y a quelques années, mon père se plaignait que j'arbore un pantalon 355 jours par an. J'essayais de lui faire comprendre que les œillades, les regards de travers, les réflexions que la femme supporte lors de cette journée de la jupe sont psychologiquement lourds à encaisser. Après une journée jupée, la femme a bien besoin d'une semaine de pantalon-camouflage pour s'en remettre. Mais ceci n'est pas vraiment compréhensible pour les hommes. Surtout pour ceux à qui cela ne viendrait pas à l'idée d'utiliser leur klaxon de voiture pour approuver le "spectacle" qui passe devant leur capot, ceux qui n'imaginent pas siffler une femme à son passage ou simplement lui dire qu'elle est "charmante", ceux qui n'iraient jamais se coller contre une femme dans le métro, lors des heures d'affluence, et oser remonter leur main le long de sa jambe.

Un homme ne pourra jamais sentir les regards haineux dans la gare du Nord, alors qu'il fait 30C° et que l'on se balade bras nus-cheveux nus. Ces regards pèsent sur le corps et le cœur. Parfois jusqu'à la nausée. Tous les hommes ne sont pas comme cela, mais une partie d'entre eux osent ces affronts. A Paris, la mode est beaucoup plus féminine qu'à une époque et facilite les choses (l'union des jambes fait la force contre les siffleurs qui n'ont plus assez de salive pour s'exprimer), passé le périphérique, où je ne vais pas beaucoup, les choses n'évoluent pourtant pas.

Hier, j'ai regardé "La Journée de la Jupe" de Jean-Paul Lilienfeld avec une Isabelle Adjani fabuleuse, croisant le fer, armée de Molière et de son revolver. J'avoue que j'avais toujours pensé que seule une femme pouvait parler avec cette exactitude du sujet, mais un homme a fait mieux. Il a fait un grand film sur une génération perdue, un film bien plus pointu, "authentique" que le "Entre les murs" de Laurent Cantet. Pourquoi instaurer une journée de la jupe ? Parce que lorsque les femmes ont décidé de s'émanciper, il n'était pas question de rentrer dans le moule, de s'échapper dans le rien mais que maintenant, on se camoufle, on se voile pour ne pas "choquer". Comme si le seul fait d'être une femme était devenu un délit.

Alors, oui, pourquoi pas une journée de la jupe, une journée du respect, un journée où les hommes et les femmes de demain mettront de côté leurs préjugés pour se regarder droit dans les yeux, sans jugement, et apprécieront la beauté de la différence entre un homme qui est homme et une femme qui est femme. Pour découvrir aussi que l'on peut être égaux tout en étant différents.

Illustration : Garance Doré (illustratrice, photographe, bloggeuse mode pétillante qui illumine toutes les femmes...)

jeudi 17 juin 2010

Back in the business














Oh, tiens, un blog laissé à l'abandon...

Y'a même de l'herbe qui commence à pousser entre les mots... Va falloir du temps pour rattraper plus de quatre mois sans entretien.

Ce n'est pas pour me donner d'excuse mais je ne me suis pas mise au vert pendant ce black-out, j'étais seulement /coupure pub/ en train de travailler sur la mise en ligne d'un site annexe mais ô combien génial et chronophage du magazine pour lequel je travaille. Pour voir le résultat, cliquez ici. /fin de la pub/.

Quand la nuit prend le pas sur votre jour, ça brouille les idées. J'ai pourtant retrouvé des débuts de posts alléchants : un truc sur Guillon l'encourageant à taper encore plus fort sur Besson mais aussi à travailler un peu plus le côté humoristique de ses textes. C'est toujours plus difficile de défendre une critique de comique qui ne nous a pas tiré un sourire au saut du lit. Cela dit, s'ils m'enlèvent mon Guillon du matin, on va vraiment plus être pote avec Inter-je-fais-des-excuses-alors-qu'on-m'a-rien-demandé !

J'avais aussi un délire on-ne-nous-dit-pas-tout sur BP dans le golfe du Mexique. Aujourd'hui, on commence à déterrer d'autres problèmes autour des infrastructures de groupe pétrolier en Alaska. Je conseille un petit tour sur le site Behind The Logo. Pas besoin d'un post rageur, les photos parlent très bien d'elles-mêmes.

Et mon billet détrempé de larmes sur la défaite de Roger Federer en quart de finale de Roland-Garros ? Il sèche, difficilement. La longue série de records que cette défaite achève (Federer a été présent à toutes les demi-finales de tous les tournois du Grand Chelem depuis juillet 2004, c'est-à-dire 23 tournois de qualité supérieure de suite et en petite foulée), c'est inestimable... C'est le numéro 1, par dessus l'histoire. Je vous engage à lire le papier dans le GQ du mois, c'est beau, c'est lyrique... C'est fou, quand les journalistes parlent du jeu de Roger, ils écrivent des poèmes.

Mais j'avais promis de me taire sur le sujet. Tout le monde n'est pas fan de tennis. Ce qui m'impressionne toujours c'est de voir, en comparaison, le nombre de fans de foot. Alors qu'il peut se passer 90 minutes sans aucune action. Surtout quand la France joue. Oups. J'avais aussi dit que je me tairais sur ce sujet... Lorsqu'on reprend la plume (le clavier), on se laisse parfois déborder.

D'ailleurs, j'étais venu ici pour désherber tout cela et repartir sur une jolie pelouse tout neuve. C'est pas gagné, j'ai encore l'impression d'avoir jeté un pavé dans la mare (mais c'est quoi cette montagne rocheuse qui s'élève au milieu de mon bassin central ?!?). Demain, les cathos conservateurs perdent contre les métallos ! Ah non, ça c'était le post brouillon d'hier... Ça disait grosso modo, le Villiers et la Boutin m'exaspèrent et le HellFest de cette année va être une tuerie, oui ma petite dame.

"I wanna rock and roll all nite and party every day" - Kiss