vendredi 23 octobre 2009

Hadopi m'a dit

Alors que le texte d'Hadopi 1 avait était censuré par le Conseil Constitutionnel (demandant, entre autres, à ce que des actes répressifs comme la coupure internet ne puissent venir que d'un homme de loi), cette même Cour vient de valider sa version corrigée. Les socialistes qui avaient demandé l'analyse du texte par la Haute Institution n'auront pas réussi deux fois le même joli coup. Une fois, ça casse, deux fois, ça passe...

Alors quid de nos vies d'internautes assoiffés de culture qui se laissent (parfois) tenter par un (petit) téléchargement ? Selon Hadopi 2, c'est l'heure de la riposte graduée. Tout en douceur. Quand une connexion téléchargeant activement est repérée, la Haute Autorité se procure ses coordonnés et envoie 1) un courriel 2) une lettre recommandée (si le malotru continue son manège). Si le malfrat se permet de continuer à faire chauffer la bande passante, la Haute Autorité use alors de ses droits répréssifs : les sanctions sont alors prononcées par un juge (amendes ou coupure de l'accès Internet de l'utilisateur reconnu coupable de téléchargement illégal). Les juges se basent sur le délit de contrefaçon puni jusqu'à 300 000 euros d'amende et 3 ans de prison.

Nicolas Sarkozy se réjouit d'un "dispositif innovant", c'est pourtant un système qui me semble à la limite du has-been. Les gros téléchargeurs ont déjà changé de bécame (RapidShare...) et les petits ont découvert l'instantanéité du streaming. Les téléchargeurs middle-class trouveront, j'en suis sûre, de nouvelles techniques. Internet et ses combines avancent beaucoup, beaucoup plus vite que les navettes parlementaires... Finalement, on se demande bien comment ce nouveau dispositif va fonctionner.

Dans les faits, les membres de cette Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet (dite Hadopi) seront nommés dès novembre afin de pouvoir envoyer les premiers messages de remontrances dès le début de l'année 2010. Dans les faits, on verra bien ce qui nous tombera dessus. Mais depuis le temps qu'on promet des fessés aux vilains internautes alors qu'ils continuent à télécharger en toute tranquillité, on a peu de mal à y croire.

vendredi 16 octobre 2009

Comprendre l'affaire Goldstone en cinq points

Qui est Richard Goldstone ?
C'est un magistrat juif sud-africain, un ancien membre de la Cour Constitutionnelle de son pays et procureur en chef au Tribunal pénal international sur le Rwanda (TPIR) mais aussi recteur de l'université hébraïque de Jérusalem. En avril dernier, il a été nommé par le chef du Conseil des droits de l'homme, le Nigérien Martin Ihoeghian.

Pourquoi parle-t-on tant de lui ces temps-ci ?
Richard Glodstone dirige une commission d'enquête sur les possibles crimes commis par Israël et le Hamas lors de l'offensive dans la bande de Gaza en hiver dernier (27 décembre 2008 au 18 janvier 2009). Et ce rapport c'est pas tendre avec Israël. Le Conseil des Droits de l'homme (CDH) de l'ONU siégant à Genève a fait sien la semaine dernière ce rapport. 25 des 47 pays membres de cette institution ont voté pour une résolution soutenant le rapport.

Quelles sont les conséquences de ce vote ?
- Premièrement, cela impose à l'Assemblée générale de l'ONU de se pencher réellement et concrètement sur le rapport.
- Deuxièmement, le rapport pourrait arriver sur la table de la Cour pénale intenrationale (CPI) à la Haye qui pourrait engager des poursuites contre les hauts responsables militaires et politiques. Le juge Goldstone a recommandé que le rapport soit porté devant la CPI si les deux partis (Israël et le Hamas) ne procèdent pas une enquête "crédible" sur les événements dans les six mois à venir.
- Troisièmement, cela entraîne un imbroglio diplomatique. Bernard Kouchner qui devait effectuer un voyage officiel en Israël ainsi que dans les terres palestiniennes (et tenter un saut dans la bande de Gaza) remise cette initiative au fond du placard. Le temps que l'affaire se tasse et que les Israëliens ne lui sautent pas à la gorge pour avoir soutenu la légitimité du rapport G. Pourtant la France n'a pas participé au vote à Genève jugeant l'examen de ce rapport "prématuré".

Quelles sont les réactions d'Israël et de l'Autorité palestinienne ?
Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, exorte l'ONU a rejeter le texte en affirmant que "l'adoption de ce rapport porterait un coup fatal au processus de paix". "Si le rapport est adopté et qu'Israël voit son droit à l'autodéfense dénié, il ne pourra pas faire de pas supplémentaires, ni prendre d'autres risques en direction de la paix". C'est ce qu'on appelle du chantage à la paix.
De l'autre côté, les responsables palestiniens œuvrent pour que le rapport soit le plus lu et le plus commenté. C'est d'ailleurs sur une résolution palestinienne que les pays membres de la CDH se sont accordés vendredi. Rapidement soutenu par les pays arabes, les pays africains et les non alignés. Maintenant, ils cherchent à faire examiner le texte par l'Assemblée générale de l'ONU mais aussi par le Conseil de sécurité en espérant faire condamner Israël.

Et si le rapport est étudié par l'Assemblée générale des Nations Unies ?
Une majorité des 192 pays de l'assemblée est acquise à la cause palestinienne et, en l'absence de droit de veto au sein de cette institution, le passage d'une résolution condamnant Israël ne devrait guère poser problème. Israël tentera alors de discréditer la résolution auprès des pays européens afin qu'ils ne l'approuvent pas. Cela diminuera d'emblée la portée de cette résolution. Si l'affaire continue, le texte pourrait donc aussi passer devant le Conseil de sécurité (organe exécutif) sauf si les États-Unis usent de leur droit de veto face à un rapport qu'ils estiment "déséquilibré" au détriment d'Israël.

jeudi 15 octobre 2009

Qu'est-ce qui fait courir Jean-Pierre Treiber ?

Depuis le 8 septembre, Jean-Pierre Treiber est un homme en cavale. Et, à la surprise de tout le monde, il le fait très bien. Depuis plus d'un mois, cet homme que personne ne décrivait comme le MacGyver d'une génération réussit à filer entre les doigts de la police et à se construire une nouvelle image. C'est un peu comme dans les films qui ont bercé toutes les enfances, il y a une affaire sanglante, un homme avec une histoire compliquée, des années de prison, une préparation minutieuse, une évasion grandiose (le coup du carton ce n'est pas follement visuel mais preuve en est que cela marche) et une cavale qui tire en longueur.

La force de Treiber dans cette cavale est de toujours garder le dessus. Et d'investir le terrain médiatique. Sa première intervention publique arrive sous la forme d'une lettre postée le 14 septembre et adressée à la rédaction du magazine Marianne. Il y clame son innocence et dénonce une instruction à charge. En demandant que "le juge ou le procureur donne l'intégralité des photos prises à Château lors des perquisitions à mon avocat", Jean-Pierre Treiber fait naître un doute.

Et le doute, c'est normalement ce qui permet à une instruction d'être menée à bien. Il termine la lettre en confirmant sa présence lors du procès (fixé au 19 avril). Ainsi, l'homme en cavale devient vraiment, et surtout médiatiquement, une possible victime d'une injustice judiciaire mais un homme respectueux de cette justice puisqu'il ne la fuit pas. Ce qu'il fuit c'est la prison et le silence. Par sa liberté retrouvée il ouvre un dialogue avec les médias et les Français, dialogue qu'il n'aurait jamais pu avoir s'il était resté entre quatre murs.

Depuis quelques jours, on parle beaucoup de Jean-Pierre Treiber sous un angle affectif. Quand Paris Match publie trois lettres destinées à son amie Blandine, Paris Match permet à l'homme en cavale de s'exprimer publiquement. Il y raconte son évasion, sa vie de fugitif et son amour pour elle. Lundi, l'histoire continue, on apprend que la police a encore raté son coup. Certains d'un point de rendez-vous entre JP Treiber et son "petit cœur", les gendarmes s'étaient postés dans la forêt de Bombon mais, comble de l'histoire, Treiber les a entendu et a pu prendre la fuite avant d'être cerné. Treiber se révèle une nouvelle fois plus fort que la police.

Aujourd'hui, c'est le Figaro qui sort une exclusivité sous forme de teaser. Ils nous donnent un aperçu (deux clichés) de ce que nous pourrons retrouver dans le Figaro Magazine de samedi. La tension est de plus en plus palpable sur cette affaire. Le Figaro sait maintenant que Treiber est un bon argument de vente, qu'il a de bonnes chances de faire un joli score de vente. Pourtant, au vue des premières photos, cela semble bien pauvre : des captures d'écran d'une vidéo-surveillance de police (!) à Bréau. Une "preuve" qui n'apporte rien à l'enquête mais qui titille tout le monde.

Mais qui est donc cet homme capable d'une telle cavale, capable de se promener à la nuit tombée mais visage découvert dans un village de Seine-et-Marne ? Qui est cet homme qui, libre, ne cesse de donner de ses nouvelles ? Une énigme comme les médias aiment, un homme qui a très bien compris comment marchent ces médias (et avec quel chair à canon), un fugitif des temps modernes. La justice va-t-elle réviser le dossier pour autant ? Impossible de le savoir mais Jean-Pierre Treiber aura au moins réussi quelque chose de fort, faire de son procès un procès médiatique. La France et les médias suivront scrupuleusement ce procès. La justice n'a plus qu'à être exemplaire.

mardi 13 octobre 2009

Rachida Dati vaut-elle son pesant de cire ?

Les minutes sont vraiment comptées aujourd'hui, j'écrirais donc vite et seulement pour faire part d'une information insolite qui a le don de m'exaspérer. Aujourd'hui, Rachida Dati a fait son entrée au Musée Grévin. Ca ressemble à un gag. La statue de cire a pris place à côté de celle de Simone Veil. Déjà, le rapprochement me laisse soucieuse. Mais le pire étant que Simone Veil, mère de la loi sur la dépénalisation de l'avortement en France et première femme à siéger au Parlement européen, oui, Simone Veil n'est entrée qu'en juillet dernier dans le Panthéon de cire...

Je reste perplexe. Comment trois mois seulement peuvent-ils séparer ces deux femmes aux destins, aux implications et aux auras si différentes ? Pourquoi Rachida Dati est-elle entrée dans ce musée (que je trouve par ailleurs grotesque) ? En la qualité de maire du 7ème arrondissement, de député européenne, d'ex-Garde de Sceaux ? Je n'ai pas la réponse. Ce qu'on a le plus lu sur l'affaire c'est que la statue porte un tailleur pantalon-noir qu'"elle affectionne tout particulièrement". On en revient à l'éternelle rengaine... Quel a été l'impact de Rachida Dati sur l'histoire de la France à part représenter une "minorité visible", être bling-bling comme son maître et porter les plus atours des créateurs de mode français ? Je n'ai pas la réponse. Je suis perplexe.

Attention, bientôt, la statue de Jean Sarkozy à côté de celle de Charles de Gaulle...

lundi 12 octobre 2009

Quand lundi rime avec Jean Sarkozy


Oui, ici aussi, on parle de Jean Sarkozy. Parce qu'il est inacceptable de rester les bras croisés face à une telle injustice. Depuis l'élection de Nicoals Sarkozy, on a souvent eu peur de la république bannière qui pourrait naître. Aujourd'hui, nous voilà bien servis.
Tout a commencé avant le week-end avec cette annonce presque anodine: Jean Sarkozy prendra certainement la présidence de l'Etablissement public de gestion du quartier de la Défense (Epad). La raison étant que Patrick Devedjian a atteint les 65 ans rédhibitoire pour diriger cette entreprise. Nous ne nous étendrons pas sur le cumul des postes du-dit Devedjian qui n'a, à aucun moment, pensé à démissionner de ce poste alors qu'il répondait aussi à l'époque au titre de président du département des Hauts-de-Seine et de ministre de la Relance. Seul l'âge a donc pu le remettre dans le droit chemin.

Donc le poste "passerait" comme par magie à Jean Sarkozy, fils de vous-savez-qui, qui a lui aussi, occupé en son temps ce joli poste au joli portefeuille (et champion du cumul des mandats en son temps). La présidence passe donc, presque de père en fils, disant de père en pote en fils. C'est beaucoup mieux... Le jeune patron du groupe UMP au conseil général des Hauts-de-Seine à l'ex-chevelure flamboyante coupée bien récemment caracole en tête des plus hauts postes avec bizarrement le moins de diplôme possible. Avec seulement un an de "carrière politique" - et de postes tirés par les cheveux et par les pistons, le jeune Jean Sarkozy est devenu le roi de la jungle. Et la risée d'un pays. On n'ose presque pas lire les journaux étrangers de peur de voir le reflet immonde de notre népotisme dans la glace. On voudrait bien signer la pétition lancée par Christophe Grébert, conseiller municipal à Puteaux, mais on sent bien que cela ne sert pas à grand chose (on salue tout de même au passage le très beau score de participation que les Sarkozy suivront certainement sans ciler).

Le problème de ce genre d'information c'est que je ne vois aucun moyen de pression suffisamment fort pour changer la donne. Finalement, je fais comme tout le monde, j'écris dessus sans vraiment dire quelque chose. Finalement, on reste souvent bouche bée et bras croisés face à une actualité si inquiétante. Jean Sarkozy sera vraisemblable élu le 4 novembre décembre lors du conseil d'administration. Qu'on le veille ou non, la famille Sarkozy est vraiment puissante et vraiment dérangeante.

Pendant ce temps-là, Twitter se marre bien. Il ne nous reste plus que ça. On retrouve les mémorables Chuck Norris Facks remis au goûts du jour et quelques petits marrants.
@ZaraA : La foule place St Pierre s'impatiente... Mais qui est ce type en robe blanche à côté de Jean Sarkozy ?
@manouhenry : Jesus Christ est né en 1986 avant Jean Sarkozy
Et beaucoup beaucoup d'autres... J'avoue que les plus drôles sont sorties ce week-end et ce matin et que je n'ai pas eu le réflexe de les noter. Maintenant, c'est un peu du réchauffé tout en restant parfois drôles. En vrac (et malheureusement, sans sources) : l'inévitable groupe Facebook.

Pour continuer à rire jaune en attendant que cela ne passe pas, tapez #jeansarkozypartout dans votre Twitter. Merci à tous ! C'est un mème comme on les aime.

Image : Une des meilleures Unes de Libération (13/10/2009)

vendredi 9 octobre 2009

L'obamamania a-t-elle touché l'Acédmie des Prix Nobel ?

Donc on peut recevoir le prix Nobel de la Paix alors qu'on a tout juste commencé à gratter le vernis du débat. Le choix de Barack Obama comme prix Nobel de la Paix me laisse perplexe. N'était-il pas question d'une récompense pour un travail accompli ? Je suis très fière que les Etats-Unis se soient débarrassés de la famille Bush et que le pays se dirige vers une nouvelle ère économique mais n’est-il pas un peu tôt pour féliciter le nouveau président ?

Lui attribuer le prix pour « ses efforts extraordinaires afin de renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples » c’est bien pâlichon par rapport aux Nobels des années (décennies) précédentes. Martti Ahtisaari pour ses efforts pour résoudre des conflits internationaux, Al Gore et le GIEC pour le climat, Muhammad Yunus et le développement du micro-crédit, l’AIEA et Mohamed ElBaradei contre la prolifération des armes nucléaires… je ne voudrais pas avoir l’air désagréable mais cela avait plus de prestance ainsi que de vraies retombées sur le monde.

Le pire c'est qu'avec ce post je vais me faire taxer d'anti-américanisme. Et comme sur la toile, je ne semble pas être la seule à être choquée par l’affaire, la France va encore passer pour les jaloux anti-américains de service. Va falloir faire avec. Depuis ce matin, on entend beaucoup de félicitations mais aussi énormément d’attente. La FIDH, par exemple, à demander au lauréat de « passer à l’acte ». Mahmoud Ahmadinejad a dit, en substance, a peu près la même chose. Tout le monde s’accorde donc sur un point, finis les discours, Barack Obama, il est temps de passer à l’action.

Bien sûr, nous espérons qu’une chose c’est de nous tromper. Mais si le président américain transforme réellement la planète pendant son(ses) mandat(s), que recevra-t-il ? Un prix de félicitation à ranger à côté de son prix d'encouragement ? Pour Obama, même l'Académie des Prix Nobel perd la tête.

Crédit photo : MunkOne

jeudi 8 octobre 2009

Et si le PS arrêtait de se rénover ?

Le PS. Deux lettres pour un cauchemard qui n'en finit jamais. Il y a presque un an, Martine Aubry prenait la tête du parti. Il y a une semaine, c'était l'heure de la consultation des militants. A chaque seconde de sa lente agonie, le PS crie le nom de la rénovation sans jamais acter ses propos. Il y a presque un an, Martine Aubry s'entourait de jeunes, de "quadra" en bras de chemises. Aujourd'hui, Martine Aubry rappelle les "éléphants" à la maison. Delanoë et Fabius réintègrent donc le bureau national. D'un côté, c'est très énervant parce que cela ressemble à l'éternel retour du même d'un autre côté, la réaction de Ségolène Royal - elle aussi conviée à réintégrer le cercle d'or - m'énerve autant.

Elle prône l'arrivé de Kamel Chibli à sa place. "Jeune élu de talent, Kamel Chibli incarne l'avenir et le renouvellement d'un Parti socialiste qui, pour devenir plus fort, doit être à l'image de cette France métissée", souligne l'élue du Poitou. L'idée est bien jolie mais tellement démago de la part de Ségolène que ça enlève tout son charme à l'initiative. Finalement, Martine Aubry a refusé cette nomination. Les trentenaires devront attendre d'être quadra pour devenir intéressants aux yeux de la première secrétaire du Parti socialiste.

Alors quoi ? Jamais content ? Et bien, oui, pour l'instant, je reste perplexe face à ce manège socialiste qui entame son énième tour. Je suis aussi attérée par les ambitions personnelles toujours follement présentes. Bertrand Delanoë et Laurent Fabius reviennent ? Oui, car ce sont des hommes d'"expériences". François Hollande accepte de s'impliquer plus en profondeur dans la rénovation socialiste? Oui, car l'ancien secrétaire du PS sait de quoi il en retourne. Manuel Valls s'inquiète du retour des éléphants ? Oui, car lui incarne la nouvelle garde ultra-ambitieuse (il a déjà mis son nom sur la liste des candidats pour les primaires). Que de bons arguments pour de mauvaises candidatures... C'est dramatique.

Une semaine après le vote des militants, ils retombent dans les mêmes travers. La solution n'est pas de changer de nom, la solution n'est pas de faire le ménage dans les listes électorales du PS. Ce sont des détails, des évidences... La solution réside dans un programme commun et fort - pas anti-sarkozyste mais pro-socialiste. Une ligne directrice pour réveiller la France et offrir un autre horizon que 2012. Non, 2012 n'est pas une fin en soi. Les problèmes de la France sont présents et les problèmes perdureront. A part si quelqu'un se décide à apporter une vraie solution qui ne s'appellera pas rénovation.

mercredi 7 octobre 2009

Peut-on parler d'autre chose que de Frédéric Mitterrand ?

Non, je ne veux pas parler de "La Mauvaise Vie" de Frédéric Mitterrand. Premièrement, parce que je ne l'ai pas lu - comme à peu près tout le monde, j'en suis certaine -, deuxièmement, parce que je déteste l'effet Internet, l'effet buzz qui s'apparente souvent à un effet FN. On pousse le bouchon très loin et un maximum de gens parlent de la même chose en hochant la tête dans le même direction. Donc, nous parlerons un peu de ce Mitterrand mais plus pour son rôle de ministre de la Culture. Comme c'est original, me direz-vous...

Une news insolite et follement mineure m'a attiré l'œil il y a quelques minutes sur le site de 20 minutes : "Bruno Le Maire (qui ?) refoulé du salon de l'élevage par des agriculteurs en colère." Je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à Frédéric Mitterrand, hué, bousculé, refoulé lui-aussi lors de la fête de l'humanité en septembre dernier. Eric Woerth, ministre du Budget et de la fonction publique, a subit presque le même sort le jour suivant à la différence qu'il a réussit à atteindre les tribunes pour un débat mouvementé.

C'est donc aujourd'hui une toute petite note, pour une toute petite news qui me fait simplement réfléchir à cet amour hallucinant que les Français portent à leurs ministres. Et, j'ose aussi me rappeler du "Casse-toi pauv'e con" lancé par Nicolas Sarkozy à l'encontre d'un citoyen qui aurait préféré embrasser le sol terreux du Salon de l'Agriculture plutôt que d'être touché par le président. Que penser de ce pays qui refuse l'entrée à ses ministres ? Ou plutôt, que pensez d'un gouvernement si loin des citoyens que ceux-ci ne les considèrent même plus ? Les Français n'ont plus aucun respect pour la politique. Alors il serait peut être temps que la politique propose quelque chose de respectable. Quand le ministre de l'Agriculture viendra avec une vraie solution contre le marasme actuel, il sera accueilli ou tout du moins écouté. Quand le ministre de la Culture arrêtera de défendre à-tout-va un réalisateur accusé de relations sexuelles avec mineure, il évitera le retour des casseroles en direct à télé. Et on passera nos journées internet à parler de choses plus intéressantes.

mardi 6 octobre 2009

Est-il possible de suivre Clearstream de loin ?

Depuis exactement 4 jours, je twitte. Enfin, je suis surtout des tas de flux de twitts en espérant enfin comprendre ce que tous les journalistes parisiens trouvent de si génial dans ce gadget 2.0. Pour l'instant je reste un peu perplexe. En bonne journaliste parisienne, j'ai donc lancé une recherche pour trouver tous ces journalistes qui piaillent quotidiennement. Et me voici donc en lien direct avec Christophe Barbier et Eric Mettout (Express), Pierre Haski (Rue 89) mais aussi avec un journaliste du Nouvel Observateur savamment positionné dans la salle d'audience où se déroule le procès le plus médiatique et politique de l'année, le procès Clearstream.

J'avoue, c'est un peu pour ce dernier que je me suis inscrite à Twitter. J'aime bien l'idée d'être amie avec la petite souris la mieux informée de tout-Paris. Alors, toute la journée, le mystérieux journaliste décrit ce qui se passe dans cette salle où semble se jouer pas mal de destins. Déjà, entre les DDV, les RVR, les Rondot et les Lahoud, on se rend vite compte qu'avant de suivre assidument la petite souris, il vaut mieux avoir bien suivi (et bien révisé) cette drôle d'affaire ultra-complexe qu'est le procès Clearstream.

Le problème c'est que ça twitte régulièrement (ça m'empêcherait presque de travailler) et c'est rarement intéressant. Exemple (pris sur le fait) : on apprend que "Me Szpiner lit Bakchich en attendant. Un article de son confrère Me Bourdon semble beaucoup l'amuser." Je n'aime pas être dérangée pour du futile. Poser une ambiance, c'est bien, poser une ambiance à longueur de journée ça ressemble à du remplissage.

La vérité est simple, il n'est pas intéressant de suivre un procès en direct. Le rôle du journaliste dans ce genre d'affaire est d'offrir un regard, une distance, une réponse aux lecteurs. Ou alors , j'ose, ce twitt n'est réservé qu'aux journalistes parisiens qui adoraient être la petite souris. Donc, je continuerai à suivre ce twitt car je suis hyper-curieuse et malheureusement hyper-journaliste-parisienne mais pour ce qui est de l'affaire Clearstream en elle-même, je lirai les journaux pour réellement comprendre l'avancement de l'affaire. 17h30 : la petite souris balance "Elkabbach quitte la salle". Ça n'a aucun intérêt mais ça fait rire les journalistes...

lundi 5 octobre 2009

Mais où ai-je bien pu ranger ce référendum populaire ?

En juillet 2008, la réforme constitutionnelle tant désirée par Nicolas Sarkozy est votée dans le but si noble de "moderniser les institutions". Parmi les propositions novatrices, notre président et son groupe parlementaire aux abois nous ont vendu un "référendum d'initiative populaire". Un référendum initié, dans les faits, par 184 parlementaires et 4,5 millions de Français. Comme ça, cela semble dur à réaliser mais si le texte existait, le rêve de le réaliser aussi.

Alors l'UMP a sauté sur l'occasion et nous a joué une belle opération com' qui réunissait tout ce que nous adorons : un nouveau super-pouvoir pour un peuple avec une grande gueule et la possibilité de se rapprocher du Parlement. Mais voilà, plus d'un an plus tard, les textes d'applications ne sont toujours pas d'actualité et quand surgit cette sombre affaire de privatisation de la Poste, les Français trouvent leur poche bien vide. Mais où ai-je bien pu ranger ce référendum d'initiative populaire ?

Plus de deux millions de personnes se sont déplacées dans toute la France pour donner leur avis sur cette réforme branlante aux allures de privatisation. Deux millions de personnes qui se déplacent, donc, pour une votation, c'est-à-dire un vote d'opinion sans aucun gain, aucune conséquence outre l'espoir que le gouvernement ouvre les yeux sur le sujet. Car pendant que le Parlement n'entérine pas les textes d'applications, les Français ont toujours une grande gueule, rêvent toujours d'un peu plus de pouvoir et réalisent tranquillement qu'ils se sont fait floués. Surtout quand le président de l'Assemblée Nationale, Bernard Accoyer, explique sur Canal + que le texte passera à l'ordre du jour avant la fin de cette session parlementaire, donc dans les alentours de juin 2010. Grosso modo, après la réforme de la Poste. Bec dans l'eau, une nouvelle fois. Et ce n'est pas notre président qui nous offrira un référendum sur la question, bien trop décidé à "moderniser les institutions".

L'ouverture du capital de la Poste et le réaménagement des agences vont forcément engendrer du fracas et des tracas. Je ne suis pas certaine que la modernisation de cette "administration que le monde entier nous envie" (merci Libé) débouche sur une évolution sociale ou un gain économique quelconque. Mais il y aura, à n'en pas douter, de nouveaux chômeurs sur le marché . Sans faire mon Jean-Pierre Pernault, il y aura aussi une nouvelle perte de lien social dans tous ces jolis villages de province. Oui, c'est aussi le rôle du Service public que de relier la société à elle-même. Mais c'est aussi parfois le rôle de la Société que de sauver son Service public. Vivement qu'on puisse être 4,5 millions de Français à penser dans la même direction...

vendredi 2 octobre 2009

L'appât du gain comme remède à l'absentiésme

Les enfants n'aiment pas l'école, c'est bien connu. N'importe quel lycéen troquerait bien une heure de physique contre une heure devant un jeu vidéo (non, nous ne ferons pas de blague ici sur Nadine Morano bien que cela nous démange les doigts). Terminer en temps record le dernier GTA (non, Nadine sort de ce post...) permet plus facilement de frimer devant les copains alors qu'avoir rendu sa dissert' à l'heure n'éveillera pas le moindre intérêt chez ces mêmes amis.

La chose est évidente, nous sommes tous passé par là. Nous avons aussi, pour la plupart, réussi à combattre cette flemme universelle pour nous lever le matin, assister au cours et passer avec plus ou de brio ce baccalauréat tant désiré (par nos paternels). Oui, nous l'avons fait et, comble de l'histoire, nous l'avons fait gratuitement.

Cette année, le rectorat de Créteil tente un nouveau concept pour enrayer l'absentéisme : six classes de CAP et de bac pro se verront offrir jusqu'à 10 000 euros en fin d'année pour un projet commun (cagnotte initiale de 2 000€). Si toute foi, la classe atteint les objectifs définis en début d'année. Objectifs qui dépendant de tous les élèves réunis. Cet appât du gain est moins monétaire qu'il n'y parait. Le Figaro donne comme exemple le payement de cours de conduite pour tous les élèves qui auraient tenus leur promesse jusqu'au bout. Traitement intéressant du problème mais je ne peux malheureusement pas m'empêcher de trouver cela réducteur. Désolé. Ce que l'on apprend en cours est le gain qui devrait motiver la troupe. Je sais, c'est ringard et follement conservateur (ça arrivera souvent, vous allez vite vous en rendre compte) mais l'école, les études, la collectivité apportent quelque chose de non-quantifiable, de non-monétaire. Cette carotte dorée ne va-t-elle pas pervertir les adolescents ?

- Maman : Bertrand, tu veux bien aller chercher du pain pour le diner familial ?
- Bertrand : Tu me donnes combien en échange ? Parce que je vais en manger du pain, à table, ce soir, mais qu'est-ce que je vais avoir en plus ? Fais comme à l'école, achètes ma motivation.

Ce pain qui, vous l'avez bien compris, représente métaphoriquement le diplôme apparaît clairement comme moins important que le plus que le lycéen veut obtenir. Il ne faudra pas s'étonner quand le lycéen vous rétorquera lors de la remise de diplôme : "rien à faire de la physique, maintenant, je vais passer mon permis à l'œil". La physique passera rapidement à la poubelle, de toutes façons, ils avaient appris les formules sans rien n'y comprend dans le seul but d'atteindre ce permis gratis. Mais quelle sera la carotte du lycéen quand il se rendra compte que le Code de la route ça ressemble quand même à un gros bouquin qu'il faut apprendre par cœur ?

Dans cette histoire, le savoir est dévaluée. Quand est-ce que quelqu'un se réveillera et tiendra un discours instruit à ses lycéens? Quand est-ce qu'on leur redonnera l'envie de savoir parce qu'il est bon de savoir et non l'envie de savoir parce que cela permet de gagner quelque chose en plus? Il ne devrait pas y avoir de plus au savoir, c'est le savoir qui est le plus de l'individu.