vendredi 15 janvier 2010

Vincent Peillon n'est pas un guerrier

Vincent Peillon n’est pas venu. La dernière fois, il se plaignait que Ségolène Royale débarque sans invitation à un rassemblement dont il devait être la vedette, ce coup-ci, on attend que lui et personne ne vient. Le Parti socialiste n’a donc pas encore retrouvé sa tête.

Hier soir, Vincent Peillon, député européen, était invité par Arlette Chabot afin de débattre d’identité nationale avec Eric Besson, ministre de l’Immigration et des reconduites à la frontière, ex-socialiste reconverti au sarkozysme nationaliste. Au programme de la première partie, un débat Marine Le Pen – Eric Besson afin d’entendre ce que la droite et l’extrême-droite peuvent penser de pire. J’avoue tout de suite : je n’ai pas regardé. Pour tout vous dire, je n’ai pas la télé et même si je l’avais eu, j’aurais fait la même chose. J’aurais regardé Out of Sight de Steven Soderbergh, j’aurais lu quelques chroniques de Stéphane Guillon dans son recueil On m’a demandé de vous calmer et j’aurais attendu le lendemain matin pour voir une vidéo de la seconde partie de l’émission (avec Peillon) et lire les analyses des journalistes. Imaginez ma déception. Premièrement, c’était un mauvais Soderbergh, deuxièmement, j’ai oublié Guillon dans mon lit et je n’avais plus rien à lire ce matin dans le métro et rien à regarder en buvant mon café au bureau. Déception et hallucination.

Il me paraît totalement aberrant qu’un responsable socialiste se permette d’humilier ainsi le service public. Cela peut semble idiot, mais pour moi, le socialiste de base se doit de respecter le service public. Un responsable socialiste encore plus. Je trouve un nombre incalculable de défauts à Arlette Chabot mais ce que Vincent Peillon a fait hier soir me dépasse. Ça sent le coup de com’ mais c’est tellement foireux qu’on se demande qui a bien pu le conseiller… Regardons à nouveau la vidéo. Oui, Vincent Peillon a préféré envoyé un mot, un communiqué, plutôt que d’affronter lui-même Eric Besson et Arlette Chabot (c’est tout de même elle, la journaliste-présentatrice-directrice-générale-adjointe-de-la-chaîne-publique, chargée de l’information qui se retrouve en carafe avec un invité de moins). Le très mauvais conseiller en communication de Vincent Peillon a quand même oublié un détail. Face à ce genre de situation de tension, un journaliste réagit. Se défend. Lit le communiqué en l’entrecoupant de ses propres réflexions dégommant d’un coup tous les arguments soutenant l’absence de Peillon. Le petit mot c’est sympa mais un peu unilatéral. C’est quand même dommage qu’il n’y ait pas pensé avant… Pourtant, on sait maintenant qu’il avait pris sa décision 48h auparavant… Ce n'est donc pas un coup de tête, il avait donc intentionnellement décidé d’humilier France 2 , intentionnellement décidé de laisser une place vide alors que, c’est bien connu, les absents ont toujours torts.

Plus besoin de chercher, c’est le coup de com’ raté de l’année 2010. Peillon peut directement aller rejoindre le cimetière des éléphants. Personne ne suivra un homme qui refuse le dialogue, n’expose pas ses idées et n’est pas présent quand on a besoin de lui lors d’une bataille. Martine Aubry vient d’apporter son soutien à Peillon. Selon elle : « Vincent Peillon souhaitait pouvoir dire ce qu'est vraiment l'identité nationale pour nous, c'est à dire l'égalité (...) la France des droits de l'Homme (...) et puis il a découvert que ce débat avait d'abord lieu entre Eric Besson et Marine Le Pen et qu'il était relégué en deuxième partie. Et il s'est bien rendu compte que ce débat allait du coup porter essentiellement sur l'immigration. » Le PS manque une nouvelle fois d’assurance. Un débat, ça se tient, ça se contrôle. Il ne faut pas attendre un boulevard pour s’exprimer. De temps en temps, il est bon de savoir manier de la machette dans la jungle pour faire apparaitre le vrai dans le touffus. Vincent Peillon n’est pas ce genre de guerrier.

Grâce à lui, le débat de France 2 a surtout été révélateur de notre pays à l’heure actuelle. Le PS refuse de combattre pour ses idées et la droite dispute les voix de l’extrême-droite. Merci Monsieur Peillon pour cet éclairage.

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