mercredi 6 janvier 2010

Les quotas ou pas

Je n'aime pas les quotas. Les quotas créent une discrimination et bien qu'on essaye de nous faire croire depuis le début des années Sarko qu'il peut en exister une positive, de discrimination, c'est tout bonnement faux. En faisant passer certaines personnes en priorité, on en exclut d'autres. Comme d'habitude, on a retourné le problème, inventé un concept Benetton et espéré que ça passe.

Mais lorsqu'il s'agit d'appliquer cela aux grandes écoles, à l'élite de la nation... les choses apparaissent moins faciles. D'un côté, on trouve Richard Descoings, innovant directeur de Sciences Po Paris, chantre de l'ouverture des grandes écoles à la "diversité", qui est régulièrement félicité par Nicolas Sarkozy et Valérie Pécresse. Depuis 2001, il a ouvert Sciences Po aux ZEP en développant des programme d'aides pour les lycéens. Grâce aux Conventions d'Education Prioritaire, c'est une remise à niveau associée à un pep-talk pré-concours qui est donné aux élèves volontaires. L'intérêt c'est aussi de montrer à des jeunes qui se sentent exclus que les portes ne leur sont pas fermées, qu'en travaillant ils peuvent accéder à ce qui leur semble intouchable et surtout, SURTOUT, que ce n'est pas une histoire d'argent. Les grandes écoles ont un système de bourses depuis des années. Les concours et la scolarité sont donc ouverts à tous. Sciences Po a été suivi par d'autres écoles car, c'est bien connu, plus on apporte de l'aide tôt dans la scolarité, plus on fait des miracles. Dans la même optique, l'Essec a lancé le programme Une grande école, pourquoi pas moi ?". Notons aussi l'initiative des anciens de l'IPJ du CFJ qui permettent , avec leur Chance aux concours, d'ouvrir les écoles de journalisme à ceux qui n'ont pas de quoi se payer les prix exorbitants de ces concours.

De l'autre côté du débat, on trouve Pierre Tapie, président récemment élu de la Conférence des grandes écoles (CGE). Après avoir bafouillé que cette initiative allait faire "baisser le niveau des écoles", il s'est expliqué et s'est dit favorable aux 30% de boursiers. Retourne-t-il subitement sa veste? Et bien non. Il pointe seulement la différence entre l'objectif et l'obligation. Oui, on espère et on travaille assidument pour que ce résultat devienne réalité mais non, on ne crée un système à deux vitesses qui créera frustration et creusera le fossé entre les différentes classes sociales.

Cette affaire est devenue polémique car une nouvelle fois on mélange tout, on se prend les pieds dans la sémantique. Je vois personnellement un schéma très simple pour débrouiller cette histoire : rendre les concours accessibles aux jeunes issus des quartiers défavorisés/des écoles défavorisées en réaffirmant l'importance de l'éducation et de la culture générale (sans oublier l'histoire-géo bien que le gouvernement a l'air de trouver ces matières facultatives) et en mettant les affaires de sous de côté afin que ces bacheliers passent les MEMES concours que tous les autres (écrits et anonyme). Le nombre de boursiers augmentera naturellement, intelligemment. On ne pointera pas les 30% du doigt en disant "c'est eux!" mais on se félicitera de la nouvelle diversité de la population des grandes écoles. Et donc, de notre future élite.

Soyons un peu osés, soyons réalistes (demandons l'impossible) : il ne faut pas de voie privilégiée, il faut arrêter de segmenter la société, il faut réviser l'intégralité du système éducatif, de la maternelle aux études universitaires, marteler les langues plutôt que de faire apprendre la lettre de Guy Moquet, valoriser les classes pro au lieu de foutre dehors les étudiants perdus dès qu'il redouble une année universitaire, soutenir les professeurs, impliquer les parents, ne pas récompenser les ados parce qu'ils sortent de leur lit tous les matins mais féliciter les méritants (oui, les encouragements et les félicitations forgent l'ego). Je n'aime pas les quotas car ils annihilent les efforts alors que ce sont justement ces efforts qui font les personnalités. Et ils me semblent que c'est justement cela que les grandes écoles recherchent lors de leurs concours.

1 commentaire:

Dallas a dit…

bonjour,

La Chance aux concours a été monté par des anciens du CFJ, pas de l'IPJ.
Nous sommes bien sûr ouverts à toutes les écoles et accueillons les bonnes volontés de tous les horizons.