vendredi 16 octobre 2009

Comprendre l'affaire Goldstone en cinq points

Qui est Richard Goldstone ?
C'est un magistrat juif sud-africain, un ancien membre de la Cour Constitutionnelle de son pays et procureur en chef au Tribunal pénal international sur le Rwanda (TPIR) mais aussi recteur de l'université hébraïque de Jérusalem. En avril dernier, il a été nommé par le chef du Conseil des droits de l'homme, le Nigérien Martin Ihoeghian.

Pourquoi parle-t-on tant de lui ces temps-ci ?
Richard Glodstone dirige une commission d'enquête sur les possibles crimes commis par Israël et le Hamas lors de l'offensive dans la bande de Gaza en hiver dernier (27 décembre 2008 au 18 janvier 2009). Et ce rapport c'est pas tendre avec Israël. Le Conseil des Droits de l'homme (CDH) de l'ONU siégant à Genève a fait sien la semaine dernière ce rapport. 25 des 47 pays membres de cette institution ont voté pour une résolution soutenant le rapport.

Quelles sont les conséquences de ce vote ?
- Premièrement, cela impose à l'Assemblée générale de l'ONU de se pencher réellement et concrètement sur le rapport.
- Deuxièmement, le rapport pourrait arriver sur la table de la Cour pénale intenrationale (CPI) à la Haye qui pourrait engager des poursuites contre les hauts responsables militaires et politiques. Le juge Goldstone a recommandé que le rapport soit porté devant la CPI si les deux partis (Israël et le Hamas) ne procèdent pas une enquête "crédible" sur les événements dans les six mois à venir.
- Troisièmement, cela entraîne un imbroglio diplomatique. Bernard Kouchner qui devait effectuer un voyage officiel en Israël ainsi que dans les terres palestiniennes (et tenter un saut dans la bande de Gaza) remise cette initiative au fond du placard. Le temps que l'affaire se tasse et que les Israëliens ne lui sautent pas à la gorge pour avoir soutenu la légitimité du rapport G. Pourtant la France n'a pas participé au vote à Genève jugeant l'examen de ce rapport "prématuré".

Quelles sont les réactions d'Israël et de l'Autorité palestinienne ?
Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, exorte l'ONU a rejeter le texte en affirmant que "l'adoption de ce rapport porterait un coup fatal au processus de paix". "Si le rapport est adopté et qu'Israël voit son droit à l'autodéfense dénié, il ne pourra pas faire de pas supplémentaires, ni prendre d'autres risques en direction de la paix". C'est ce qu'on appelle du chantage à la paix.
De l'autre côté, les responsables palestiniens œuvrent pour que le rapport soit le plus lu et le plus commenté. C'est d'ailleurs sur une résolution palestinienne que les pays membres de la CDH se sont accordés vendredi. Rapidement soutenu par les pays arabes, les pays africains et les non alignés. Maintenant, ils cherchent à faire examiner le texte par l'Assemblée générale de l'ONU mais aussi par le Conseil de sécurité en espérant faire condamner Israël.

Et si le rapport est étudié par l'Assemblée générale des Nations Unies ?
Une majorité des 192 pays de l'assemblée est acquise à la cause palestinienne et, en l'absence de droit de veto au sein de cette institution, le passage d'une résolution condamnant Israël ne devrait guère poser problème. Israël tentera alors de discréditer la résolution auprès des pays européens afin qu'ils ne l'approuvent pas. Cela diminuera d'emblée la portée de cette résolution. Si l'affaire continue, le texte pourrait donc aussi passer devant le Conseil de sécurité (organe exécutif) sauf si les États-Unis usent de leur droit de veto face à un rapport qu'ils estiment "déséquilibré" au détriment d'Israël.

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