vendredi 2 octobre 2009

L'appât du gain comme remède à l'absentiésme

Les enfants n'aiment pas l'école, c'est bien connu. N'importe quel lycéen troquerait bien une heure de physique contre une heure devant un jeu vidéo (non, nous ne ferons pas de blague ici sur Nadine Morano bien que cela nous démange les doigts). Terminer en temps record le dernier GTA (non, Nadine sort de ce post...) permet plus facilement de frimer devant les copains alors qu'avoir rendu sa dissert' à l'heure n'éveillera pas le moindre intérêt chez ces mêmes amis.

La chose est évidente, nous sommes tous passé par là. Nous avons aussi, pour la plupart, réussi à combattre cette flemme universelle pour nous lever le matin, assister au cours et passer avec plus ou de brio ce baccalauréat tant désiré (par nos paternels). Oui, nous l'avons fait et, comble de l'histoire, nous l'avons fait gratuitement.

Cette année, le rectorat de Créteil tente un nouveau concept pour enrayer l'absentéisme : six classes de CAP et de bac pro se verront offrir jusqu'à 10 000 euros en fin d'année pour un projet commun (cagnotte initiale de 2 000€). Si toute foi, la classe atteint les objectifs définis en début d'année. Objectifs qui dépendant de tous les élèves réunis. Cet appât du gain est moins monétaire qu'il n'y parait. Le Figaro donne comme exemple le payement de cours de conduite pour tous les élèves qui auraient tenus leur promesse jusqu'au bout. Traitement intéressant du problème mais je ne peux malheureusement pas m'empêcher de trouver cela réducteur. Désolé. Ce que l'on apprend en cours est le gain qui devrait motiver la troupe. Je sais, c'est ringard et follement conservateur (ça arrivera souvent, vous allez vite vous en rendre compte) mais l'école, les études, la collectivité apportent quelque chose de non-quantifiable, de non-monétaire. Cette carotte dorée ne va-t-elle pas pervertir les adolescents ?

- Maman : Bertrand, tu veux bien aller chercher du pain pour le diner familial ?
- Bertrand : Tu me donnes combien en échange ? Parce que je vais en manger du pain, à table, ce soir, mais qu'est-ce que je vais avoir en plus ? Fais comme à l'école, achètes ma motivation.

Ce pain qui, vous l'avez bien compris, représente métaphoriquement le diplôme apparaît clairement comme moins important que le plus que le lycéen veut obtenir. Il ne faudra pas s'étonner quand le lycéen vous rétorquera lors de la remise de diplôme : "rien à faire de la physique, maintenant, je vais passer mon permis à l'œil". La physique passera rapidement à la poubelle, de toutes façons, ils avaient appris les formules sans rien n'y comprend dans le seul but d'atteindre ce permis gratis. Mais quelle sera la carotte du lycéen quand il se rendra compte que le Code de la route ça ressemble quand même à un gros bouquin qu'il faut apprendre par cœur ?

Dans cette histoire, le savoir est dévaluée. Quand est-ce que quelqu'un se réveillera et tiendra un discours instruit à ses lycéens? Quand est-ce qu'on leur redonnera l'envie de savoir parce qu'il est bon de savoir et non l'envie de savoir parce que cela permet de gagner quelque chose en plus? Il ne devrait pas y avoir de plus au savoir, c'est le savoir qui est le plus de l'individu.

1 commentaire:

Pierre-Emmanuel Brugeron a dit…

Tout à fait. Comme le faisait remarquer Todomodo dans un post du CGB, c'est un passage de l'obligation au contrat, à la transaction marchande (assiduité=rétribution).
Et puis merde, c'est de l'assiduité, même pas du résultat, où est la culture du résultat ? Payé pour la win ?