lundi 5 octobre 2009

Mais où ai-je bien pu ranger ce référendum populaire ?

En juillet 2008, la réforme constitutionnelle tant désirée par Nicolas Sarkozy est votée dans le but si noble de "moderniser les institutions". Parmi les propositions novatrices, notre président et son groupe parlementaire aux abois nous ont vendu un "référendum d'initiative populaire". Un référendum initié, dans les faits, par 184 parlementaires et 4,5 millions de Français. Comme ça, cela semble dur à réaliser mais si le texte existait, le rêve de le réaliser aussi.

Alors l'UMP a sauté sur l'occasion et nous a joué une belle opération com' qui réunissait tout ce que nous adorons : un nouveau super-pouvoir pour un peuple avec une grande gueule et la possibilité de se rapprocher du Parlement. Mais voilà, plus d'un an plus tard, les textes d'applications ne sont toujours pas d'actualité et quand surgit cette sombre affaire de privatisation de la Poste, les Français trouvent leur poche bien vide. Mais où ai-je bien pu ranger ce référendum d'initiative populaire ?

Plus de deux millions de personnes se sont déplacées dans toute la France pour donner leur avis sur cette réforme branlante aux allures de privatisation. Deux millions de personnes qui se déplacent, donc, pour une votation, c'est-à-dire un vote d'opinion sans aucun gain, aucune conséquence outre l'espoir que le gouvernement ouvre les yeux sur le sujet. Car pendant que le Parlement n'entérine pas les textes d'applications, les Français ont toujours une grande gueule, rêvent toujours d'un peu plus de pouvoir et réalisent tranquillement qu'ils se sont fait floués. Surtout quand le président de l'Assemblée Nationale, Bernard Accoyer, explique sur Canal + que le texte passera à l'ordre du jour avant la fin de cette session parlementaire, donc dans les alentours de juin 2010. Grosso modo, après la réforme de la Poste. Bec dans l'eau, une nouvelle fois. Et ce n'est pas notre président qui nous offrira un référendum sur la question, bien trop décidé à "moderniser les institutions".

L'ouverture du capital de la Poste et le réaménagement des agences vont forcément engendrer du fracas et des tracas. Je ne suis pas certaine que la modernisation de cette "administration que le monde entier nous envie" (merci Libé) débouche sur une évolution sociale ou un gain économique quelconque. Mais il y aura, à n'en pas douter, de nouveaux chômeurs sur le marché . Sans faire mon Jean-Pierre Pernault, il y aura aussi une nouvelle perte de lien social dans tous ces jolis villages de province. Oui, c'est aussi le rôle du Service public que de relier la société à elle-même. Mais c'est aussi parfois le rôle de la Société que de sauver son Service public. Vivement qu'on puisse être 4,5 millions de Français à penser dans la même direction...

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