jeudi 15 octobre 2009

Qu'est-ce qui fait courir Jean-Pierre Treiber ?

Depuis le 8 septembre, Jean-Pierre Treiber est un homme en cavale. Et, à la surprise de tout le monde, il le fait très bien. Depuis plus d'un mois, cet homme que personne ne décrivait comme le MacGyver d'une génération réussit à filer entre les doigts de la police et à se construire une nouvelle image. C'est un peu comme dans les films qui ont bercé toutes les enfances, il y a une affaire sanglante, un homme avec une histoire compliquée, des années de prison, une préparation minutieuse, une évasion grandiose (le coup du carton ce n'est pas follement visuel mais preuve en est que cela marche) et une cavale qui tire en longueur.

La force de Treiber dans cette cavale est de toujours garder le dessus. Et d'investir le terrain médiatique. Sa première intervention publique arrive sous la forme d'une lettre postée le 14 septembre et adressée à la rédaction du magazine Marianne. Il y clame son innocence et dénonce une instruction à charge. En demandant que "le juge ou le procureur donne l'intégralité des photos prises à Château lors des perquisitions à mon avocat", Jean-Pierre Treiber fait naître un doute.

Et le doute, c'est normalement ce qui permet à une instruction d'être menée à bien. Il termine la lettre en confirmant sa présence lors du procès (fixé au 19 avril). Ainsi, l'homme en cavale devient vraiment, et surtout médiatiquement, une possible victime d'une injustice judiciaire mais un homme respectueux de cette justice puisqu'il ne la fuit pas. Ce qu'il fuit c'est la prison et le silence. Par sa liberté retrouvée il ouvre un dialogue avec les médias et les Français, dialogue qu'il n'aurait jamais pu avoir s'il était resté entre quatre murs.

Depuis quelques jours, on parle beaucoup de Jean-Pierre Treiber sous un angle affectif. Quand Paris Match publie trois lettres destinées à son amie Blandine, Paris Match permet à l'homme en cavale de s'exprimer publiquement. Il y raconte son évasion, sa vie de fugitif et son amour pour elle. Lundi, l'histoire continue, on apprend que la police a encore raté son coup. Certains d'un point de rendez-vous entre JP Treiber et son "petit cœur", les gendarmes s'étaient postés dans la forêt de Bombon mais, comble de l'histoire, Treiber les a entendu et a pu prendre la fuite avant d'être cerné. Treiber se révèle une nouvelle fois plus fort que la police.

Aujourd'hui, c'est le Figaro qui sort une exclusivité sous forme de teaser. Ils nous donnent un aperçu (deux clichés) de ce que nous pourrons retrouver dans le Figaro Magazine de samedi. La tension est de plus en plus palpable sur cette affaire. Le Figaro sait maintenant que Treiber est un bon argument de vente, qu'il a de bonnes chances de faire un joli score de vente. Pourtant, au vue des premières photos, cela semble bien pauvre : des captures d'écran d'une vidéo-surveillance de police (!) à Bréau. Une "preuve" qui n'apporte rien à l'enquête mais qui titille tout le monde.

Mais qui est donc cet homme capable d'une telle cavale, capable de se promener à la nuit tombée mais visage découvert dans un village de Seine-et-Marne ? Qui est cet homme qui, libre, ne cesse de donner de ses nouvelles ? Une énigme comme les médias aiment, un homme qui a très bien compris comment marchent ces médias (et avec quel chair à canon), un fugitif des temps modernes. La justice va-t-elle réviser le dossier pour autant ? Impossible de le savoir mais Jean-Pierre Treiber aura au moins réussi quelque chose de fort, faire de son procès un procès médiatique. La France et les médias suivront scrupuleusement ce procès. La justice n'a plus qu'à être exemplaire.

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